NoteOfHope - Jésus, l'homme qui n'en reste pas là !

Jésus, l'homme qui n'en reste pas là !

Matthieu 15 rapporte l’histoire d’une femme désespérée, une Cananéenne (une païenne, c’est-à-dire une non-juive). Elle vient supplier Jésus de délivrer sa fille, tourmentée par un démon. Première réaction de Jésus, Il ne la calcule pas. Puis il dit une première phrase choc : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». La femme persiste : « Seigneur, viens à mon secours », et là, seconde phrase choc de Jésus : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » La femme renchérit : « Oui Seigneur, pourtant les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

Touché par la foi de cette femme, Jésus va lui faire grâce et délivrer sa fille.

Très honnêtement, j’ai lutté pendant des années avec ce passage. Je ne comprenais pas l’attitude si hostile de Jésus. Je luttais aussi avec les interprétations sur le sujet. Certains disaient que Jésus agissait ainsi pour tester la foi de cette femme. D’autres encore que c’est à cause de la grande foi et de la détermination de cette femme que sa fille avait été guérie.

Réellement ?

Est-ce que Dieu viendrait nous tester dans les moments les plus sombres de notre vie ? Est-ce que ça signifie que la foi est une question de mesure ?  Autrement dit, si quelqu’un a assez de foi et de détermination, il sera exaucé et s’il n’en a pas, il ne le sera pas ?

J’ai beaucoup de difficulté à imaginer que mon Dieu pense ainsi. De plus, c’est comme si toute l’attention était sur cette femme, sur sa foi, sa détermination, son attitude. Et Jésus dans tout ça ? N’est-ce pas plutôt sur Lui que devrait être le focus ?

Pour rappel, Matthieu s’adresse à des chrétiens d’origine juive qui traversent une période critique. Ces premiers chrétiens pensaient que Jésus reviendrait de façon imminente. Mais voilà que les décennies passent, le temple a été détruit, toute leur religion est chamboulée et en plus, ils subissent une effroyable persécution. Ils voient aussi se lever de faux prophètes et ont besoin de se positionner à deux niveaux :

• Est-ce que le message de Christ n’est réservé qu’aux Juifs ou est-ce que les païens sont aussi concernés ?
• Est-ce que les juifs convertis doivent continuer de pratiquer la loi comme l’exige les Pharisiens, ou doivent-ils l’abandonner par respect pour les chrétiens d’origine païenne ?

En fait, à travers cette histoire, Matthieu a bien l'intention de répondre aux questions que se posent ses lecteurs.

Revenons au texte. Même si les réponses de Jésus sont surprenantes, il est dans son droit. Tout simplement parce que cette femme est païenne (et pas n’importe laquelle, une cananéenne, l’ennemi juré d’Israël avec lequel Dieu avait interdit toute relation). A ce stade du ministère de Christ, les païens ne sont pas concernés par son message (relisez Matthieu 10 :6).

En plus d’être païenne, cette femme a deux autres handicaps.
• Elle est femme et elle interpelle Jésus, un homme : A l’époque, une femme respectable évitait de se retrouver en compagnie d’hommes.
• Sa fille est démoniaque. Dans ce temps, les gens pensaient qu’il y avait une relation entre la maladie et le péché. Autrement dit, si une personne était malade, c’est que soit elle, soit quelqu’un de son entourage avait péché (relisez Jean 9 :2)

Quelque part, cette femme est presque une caricature que l’auteur utilise pour montrer que vraiment, elle, elle n’est pas une bonne candidate pour recevoir la grâce. Même les disciples ne sont pas choqués par l’indifférence de Jésus. Ils vont même l’encourager à « renvoyer » cette femme.

Imaginons ce que cette mère ressent. Celui qui a guéri et délivré tant de personnes n’a visiblement pas envie de s’occuper d’elle. Imaginons son désarroi, sa détresse et aussi le sentiment d’être indigne et mise à l’écart.

Heureusement, l’histoire n’en finit pas là. Jésus n’en reste pas là. En dépit de tous les handicaps sociaux, culturels et religieux de cette femme, il va faire grâce et répondre à sa demande. Il inaugure une nouvelle alliance dans laquelle il n’est plus question de séparation, d’exclusion, d’impureté mais d’intégration, de rédemption et de pardon.

Matthieu utilise cette histoire pour montrer à ces premiers chrétiens (ses lecteurs), que l’attitude hostile de Jésus au départ reflète leur attitude hostile à l’égard des païens. Matthieu veut encourager l’église dans sa mission et répondre à sa question. Oui, les païens sont concernés par le message de l’évangile. Désormais, tous ceux qui ont foi en Jésus peuvent être guéris et sauvés.

Si toi aussi, tu as le sentiment de ne pas être né dans la bonne catégorie sociale, culturelle, religieuse ou même sexuelle, sois encouragé. Tu es concerné par le message de l’évangile. La Bible dit que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais qu’il ait la vie Eternelle. » (Jean 3 :16)

Ce texte s’adresse aussi à nous, chrétiens de longue date, qui, d’années en années, allons à l’église. Inconsciemment (ou pas), nous allons parler avec les mêmes personnes à la fin du culte, manger avec les mêmes personnes, servir avec les mêmes personnes...

Et si, à l’image de Jésus, nous nous tournions encore davantage vers les autres, vers ceux qu’on ne connait pas bien, et même ceux pour lesquels nous ressentons une certaine hostilité ? Et si ce dimanche, nous invitions à manger une personne de l’église que nous connaissons peu ?

Que l'attitude de Jésus nous inspire et nous motive !

 

Source :

Delbert Burkett, An introduction to the new testament and origins of christianity, Louisiana State University, Cambridge University Press, 2002.